My life is a process

Saturday, October 07, 2006

L'école buissionnière


Quand j'étais gamin, j'habitais Séoul. J'allais du lundi au vendredi à l'école française, et le samedi, alors que mes camarades de classe profitaient d'une grasse matinée bien méritée, je me retrouvais dans les rangs serrés de l'école coréenne, parmi 59 autres bambins obéissants et disciplinés. On m'appela rapidement le 'TOYO-MAN' ou en français 'Le gars du samedi'. Je passais naturellement pour un autiste, moi le brillant premier de classe chez les français, avec mon col de chemise violet qui dépassait du pul jaune poussin, moi le dernier de classe, cancre parmi les cancres chez les coréens, qui n'arrivait à lier d'amitié qu'avec les plus brutaux de la classe qui testaient leurs nouvelles prises de catch sur moi.

Quelques fois, je tentais le bluff, en inventant des formules de mathématiques plus ou moins savantes et imaginaires, qui n'avaient de cohérence que l'esthétique qui en dégageait sur la feuille de papier, sous la mine déconfite de mon crayon HB.

Je finis donc par fuir, et je me retrouvais dans la colline à côté de la maison, arpentant les sentiers battus et abattus, et évitant avec grande application de croiser quelque vieillard respectueux qui m'aurait harponné et accusé à raison de sécher les cours. Finalement, la colline déserte était bien plus peuplée que je ne le pensais, et il fallait ruser pour ne pas se retrouver nez à nez avec quelque promeneur solitaire.

Je trouvais au bout de quelques heures une place vide au milieu d'une déchetterie désaffectée. Je posais mon cartable et m'asseyais dessus, regardant fébrilement défiler sur ma montre les secondes qui duraient des heures. Le soleil atteignait rapidement son zénith de croisière, dardant ses rayons sur ma petite chevelure noire coupée en bol. Cette surchauffe cérébrale finissait par me faire saigner du nez. Mais tout compte fait, ça en valait le coup, car cette hémorragie nasale m'attirait la compassion de ma mère qui devint la complice de mes autres journées d'école buissonnière. Posted by Picasa

Monday, September 04, 2006

La confusion des regards


Sur ce bout de vitrail, on a l'impression que les trois personnages saints se regardent et se sourient. Ils forment un foyer, un cercle, un ensemble. Trois personnages proches, parés des mêmes couleurs, esquissant les mêmes hochements de tête, les mains ouvertes, et formant un triangle équilatéral, stable et fermé.

Mais qu'en est-il réellement? Ces personnages, si l'on se penche plus près, croisent leur regard sans vraiment se regarder. On a l'impression que ce sont des Saints, mais l'auréole dorée ne serait-elle pas plutôt un chapeau jaune à la mode? Le sourire ou plutôt la grimace qui animent leurs visages n'expriment pas la même sensation, tristesse, compassion, détachement. Et puis ce triangle, qui a l'air équilibré... aucun trait ne relie les sommets réellement, juste une impression visuelle.

Les relations humaines sont sans doute comme cela. Lisses, compactes et homogènes de l'extérieur, mais intrinsèquement hétérogènes et en équilibre sur des fondations non prouvées. Posted by Picasa

Saturday, September 02, 2006

Transparence et intégrité


Quelles diaphanes méduses
En myriades de muses
Transparentes et entières
Aujourd'hui comme hier

Comme elles je flotte
Me laisse porter, sotte
Au gré des gradients
Et au fil du temps

J'échouerai sans doute
Un chaud mois d'août
Sur une plage de sable fin
Sec mais heureux enfin Posted by Picasa

Thursday, August 10, 2006

Time is on my side?

Qu'est-ce qui est le plus dur à supporter dans une rupture sentimentale?

Est-ce la séparation physique?
Est-ce la séparation mentale?
Est-ce la scission des liens de dépendance?
Est-ce la peur de faire du mal?

Dans un sursaut d'introspection purement égoïste, j'ai analysé cette question en prenant mon cas personnel comme cobaye d'expérience.

Les raisons de rupture ne sont jamais ce qui manquent. Une amie me disait: "si tu trouves sans réfléchir plus de 10 éléments négatifs chez ton partenaire, c'est que ça ne vaut pas la peine de rester avec lui". Un ami a écrit dans son blog ""Aimer ne peut être que joie et bonheur, sinon ce n'est pas de l'amour." [Jean Gastaldi, Extrait de Bonheur d'aimer]". Donc c'est la raison qui donne la justification d'une rupture.Est-ce donc la déraison qui contrebalance la raison? Qu'est-ce que la déraison dans une rupture? L'amour? L'asservissement?

J'ai toujours recherché la personne avec qui je partagerais l'amour le plus passionnel, et le respect le plus total. Je n'ai trouvé que l'un ou l'autre séparément, mais jamais les deux en même temps. A chaque fois, la rupture a été provoquée par la raison: le manque de liens affectifs ou le manque de respect de la personne. Dans un souci de conservation de l'intégrité de ma personne, j'ai donc déclenché le menu "Fichier - Enregistrer sous - Rupture".

Après chaque rupture, j'ai souffert. Mais je n'ai pas regretté, ni eu de haine. J'ai souffert à cause des souvenirs. Les souvenirs sont ces balises que le temps grave dans notre mémoire, après une fine sélection. Je suis d'un naturel optimiste, et ma mémoire ne sélectionne que les bons moments. Les souvenirs construisent les tranches de ma vie qui font partie de ma vraie histoire, et que je garde éternellement même si je ne "garde" pas les personnes auprès de moi.

C'est donc cela le sens de la vie et de la mort. La définition de ma métaphysique est la suivante: trouver l'amour qui remplira toute une vie, et qui bravera le temps en y gravant des souvenirs qui m'appartiennent et que personne ne pourra me voler, même après ma mort.

Monday, July 10, 2006

Patience


C'est dans la nuit la plus noire que les faibles lumières éclairent les visages pâles, lassés d'attendre patiemment que le soleil se lève enfin et efface les rides profondes creusées dans la peau fatiguée au fil des chagrins solitaires.

C'est dans la nuit la plus noire que je me suis arrêté devant un lampadaire parisien, en regardant les papillons de nuit et les mille insectes volants tourner en orbite autour de la petite lune jaune, en les imaginant briller de mille splendeurs en plein jour, tels de fiers oiseaux aux plumes châtoyantes. Mais ces pathétiques créatures à six pates ne sont hélas pas plus intelligentes que moi, et finissent par tomber raides sur le béton gris des bords de Seine, le corps foudroyé et l'esprit brûlé par leur obstination qui les a poussés encore plus près de ce feu infernal, jusqu'au contact fatal.

Quand le matin viendra, le vent du matin balaiera ces corps inanimés et les dispersera au gré de son caprice. Les yeux bouffis par une nuit de lutte contre moi-même, vidé de toutes mes pensées nocturnes, j'irai retrouver mon appartement. Je m'endormirai au lever du jour pour me réveiller en plein après-midi. Je plisserai les yeux en tentant d'apercevoir les contours noirs du soleil à son zénith. Adieu papillons de nuit, je sortirai flaner dans les rues désertes d'un quartier inconnu de Paris, et je respirerai à pleines narines le parfum vert de mon printemps. Posted by Picasa

Tuesday, July 04, 2006

Le chemin de croix


Je me suis retourné en sentant ses pas s'éloigner pour s'engoufrer dans l'air moite et humide du métro parisien. C'était une soirée où tout devait se passer comme prévu, et où tout s'est effectivement déroulé selon un plan dont la minutie relève de l'horlogerie suisse. C'est triste. Une histoire impossible dont les dés sont pipés dès le début. Une convergence des circonstances que je qualifierais presque d'accidentelle, où je me suis retrouvé au mauvais moment, au mauvais endroit, avec les mauvaises personnes, et surtout, en poursuivant de mauvaises illusions.

Est-ce possible? Une histoire si compliquée qui devient si simplement prévisible tellement le scénario se répète encore et encore depuis des mois. Une attirance animale, quelques mots tranchants, une dispute dans un sens, un assassinat verbal de l'autre, un enlacement indécent dans un endroit public, et les mêmes promesses, toujours les mêmes, qui me font patienter jusqu'à la prochaine fois, comme dans une spirale descendante dont la seule finalité est d'aller encore plus bas que la dernière fois à chaque tour.

Est-ce possible de changer d'espace-temps, de changer de référentiel?

Changer l'accident en surprise, transformer l'attente en moment propice, remplacer le vide par la présence, tomber sur la bonne personne. Est-ce possible d'inverser la spirale pour qu'elle soit ascendante et que le désenchantement routinier devienne de l'espoir inattendu?

Tel est mon chemin de croix. Posted by Picasa

Thursday, June 29, 2006

My life is a process

Vie

[Le petit dictionnaire du panda illustré, édition 2006]

La vie se définit comme étant un process constitué d'une suite de tâches et
d'événements, séquentiels ou parallèles, qui permettent d'accomplir des
objectifs définis en un temps donné (en général, entre 75 et 85 ans).

Lors du déroulement de ce process, l'acteur d'une vie peut tomber sur des
tâches, voire des grosses taches, qui bloquent les flux de données et
empêchent le tout de fonctionner correctement. Plusieurs moyens existent pour
se libérer de ces taches.

1- La première est de suivre scrupuleusement les Standard Operating
Procedures, autrement dit, SOP, qui, par abus de langage, deviennent
souvent SOAP. Pour éliminer la grosse tache qui bloque le process, il
suffit donc de poser un SOAP au bon moment et au bon endroit, ce qui a pour
effet de rendre le parterre glissant, et la grosse tache se casse la figure
et libère le passage.

2- La seconde consiste à établir un Changement d'Urgence,
autrement dit Emergency Change Control. Cet ECC permet d'effectuer au plus
vite des opérations de purge de données (libération de la mémoire), de
suppression de comptes (interdiction d'accès à certaines zones protégées de
la vie) et de réinitialisation du système. Cet procédure de crise,
déclenchée par l'acteur de la vie, ne nécessite aucune approbation externe,
et interdit tout plan de retour en arrière, ce qui a pour effet de
débloquer le process et de le rendre plus fluide, plus fonctionnel. Après
un tel ECC, une simple maintenance de routine permet de réutiliser
l'expérience capitalisée au cours de ce changement d'urgence, et de
remettre toute déviation ou anomalie constatée dans le bon chemin.

panda

Monday, June 26, 2006

Le concept de la spéculation

Pour bien spéculer, suivez la recette suivante (en 4 temps et 1080 mouvements)

- ouvrir un compte meetic en y extrapolant ses caractéristiques physiologiques, psychologiques et sexuelles
- faire la connaissance de mâles ou de femelles bien dans leur peau (bah oui normal, si ils n'étaient pas bien dans leur peau, ils ne se seraient pas inscrits sur meetic) et discuter de tout et de rien (surtout de rien d'ailleurs) en insistant bien sur vos exploits sportifs, culturels et sexuels
- si le partenaire potentiel vous propose un verre, acceptez, en feignant l'indifférence et le détachement le plus complet (même si vous entrez clairement dans votre zone de panique) car cela réveille clairement chez le partenaire potentiel l'instinct bestial, passionnel et sexuel
- présentez votre âme soeur achetée sur meetic pour 29.90 euros par mois à vos meilleurs amis, en insistant sur le fait qu'il spécule aussi bien financièrement que boursièrement (car c'est la même chose mais en différent) et qu'il présente d'énormes qualités de programmateur d'automates (non, il ne s'agit pas d'un jardinier qui baisse son pantalon pour faire rougir ses tomates) et surtout des qualités hors pair de speculator sexuel

Voilà, vous avez acquis le concept de la spéculation en 4 temps. Et les 1080 mouvements? C'est tout simplement le nombre mouvements que l'on peut faire en 18 minutes (sondage SOFRES visant à établir la moyenne nationale de la durée de la spéculation)

Panda